Puis-je me fier à l’étiquette ou à l’emballage pour faire un choix éclairé en nutrition animale?
En fait, il ne s’agit pas de lire l’étiquette pour obtenir des informations sur la qualité de la diète mais bien de lire les résultats d’études réalisées sur la recette (étude de digestibilité, étude d’innocuité, étude sur le métabolisme urinaire et fécal, étude sur la croissance ou sur différent stade de développement). Pour obtenir ces informations, il faut choisir un fournisseur de qualité qui réalise ces études (non, ils ne le font pas tous!) et qui les publient en toute honnêteté.
Il existe de grands centres de recherche en nutrition animale (Hill’s, Royal canin, Purina). Ces compagnies fournissent toutes les études sur le choix des ingrédients, sur leur provenance et leur qualité. Plus que des croquettes, dans le sac, il y a de la science.
Mais en lisant la liste des ingrédients, obtient-on des informations pertinentes? Plus que la liste des ingrédients, ce qui est important, c’est la qualité des ingrédients. Si j’énumère : pare-brise, volant, siège, portière…. Pouvez-vous dire si je parle d’une Ferrari ou d’une vieille voiture brisée ? Et si je vous dis : farine de poulet, blé, soya ? Pouvez-vous dire s’il s’agit d’une diète de qualité ou pas ? Non. En effet. L’affichage des ingrédients sur le sac ne nous renseigne pas sur la qualité : une farine de poulet réalisée sur des muscles de poitrine et de cou de poulet est de bien meilleure qualité que celle faite à partir de poulets entiers déclassés à l’abattoir incluant plumage et contenu digestif. Ces deux farines seront indiqués sous mention farine de poulet. Les compagnies ne sont pas tenues d’indiquer la forme sous laquelle on retrouve les ingrédients dans la recette. Ils doivent simplement fournir la liste des ingrédients du plus lourd au plus léger pour donner au consommateur une idée de la quantité des différents ingrédients dans la recette. Les acheteurs aiment voir de la viande comme premier ingrédient. Cependant, si l’ingrédient est mesuré sur son poids humide, il sera plus pesant et ainsi indiqué en premier. On croira alors qu’il y a plus de cet ingrédient alors qu’il y en a moins une fois mis en farine ou déshydraté. Il faut parfois se méfier des appellations ‘’viande entière ou vrai poulet’’ qui sont plus lourdes que les farines.
Et que dire de tous les chiffres dans les tableaux sur les sac ? Le tableau d’analyse garantie fourni sur l’emballage ne nous permet pas, lui non plus, de juger de la qualité de la diète. Il indique le maximum ou minimum de fibres, protéines et autres nutriments de la recette. Prenons l’exemple suivant : mes chaussures sont 96% fait de protéines mais bel et bien 0% digestible. Quant est-il de la diète de votre animal ? À quoi sert un tableau d’analyse garantie sans la valeur de digestibilité ? Rien, sinon être conforme avec une loi d’emballage. Ne comparez pas des sacs en lisant l’analyse garantie. Cela ne sert à rien.
Des mythes vont et viennent en nutrition animale et il faut bien se renseigner. Par exemple, le maïs a eu une mauvaise presse. Entier, il n’est pas très digeste mais du maïs de qualité supérieure finement moulu fournit de l’énergie, des protéines (plus particulièrement des acides aminés bénéfiques pour la peau et le pelage), des acides gras omégas 6 (acide linoléique), des vitamines (vitamine A, complexe vitaminique B), des minéraux et des antioxydants (lutéine, zéaxanthine, bêta-carotène). Maintenant, c’est plutôt au tour du gluten d’être mis sur la sellette ! Pourtant les intolérances alimentaires animales face au gluten sont beaucoup plus rares que chez l’humain. Il n’y a aucune raison de craindre le gluten. Un dernier exemple de déformation d’information. Les vétérinaires, il y a de cela quelques années, ont utilisé des diètes hypoallergène à base d’agneau pour les allergies avec manifestations cutanées. Il s’agit en fait de donner une nutrition avec une source de protéines que l’animal ne connait pas à ce jour tout simplement. L’agneau ne possède pas une caractéristique hors du commun pour la peau. Il était tout simplement moins fréquent dans l’élaboration des diètes commerciales et servait donc de source de protéine étrangère. Hors, on a vite retrouvé dans les commerces pour animaux de nombreuses diètes à l’agneau avec l’idée véhiculée par les vendeurs ou sur les sacs que ‘’l’agneau est bon pour la peau’’. Ce qui n’est pas une affirmation vraie.
Il faut éviter de tomber dans certains pièges marketing ou certaines recommandations faites par des gens qui n’ont aucune formation en nutrition. Certaines personnes appliquent des principes de nutrition humaine sur des animaux ou soutiennent une opinion non vérifiée scientifiquement. Par exemple, plusieurs sacs de nourriture pour chat en animalerie prônent les merveilles des omégas 3 ajoutés sous forme de graines de lin. Or, les graines de lin sont peut-être excellentes pour les humains mais les chats ne peuvent utiliser que les omégas 3 d’origine animale, ils excréteront entièrement les omégas 3 végétaux dans leur selles. Une belle idée marketing qui finira dans le bac de litière. Tant qu’à investir pour une diète, on préfère toujours ne pas nourrir la litière plus que l’animal.
Il faut se méfier des opinions non vérifiées, elles sont le résultat d’une expérience unique difficile à valider. Voici un exemple tout simple : ma grand-mère a fumé pendant 80 ans et elle est décédée à 104 ans. Puis-je en conclure que fumer fait vivre vieux alors que toutes les études prouvent que non avec grande évidence ? Non. Dire que c’est un bon sac de nourriture parce que le chien du voisin en mange et il se porte bien revient à faire le même raisonnement. Dire que les chiens semblent bien se porter en mangeant une diète sans avoir fait d’étude sur cette diète n’apporte aucune information valable.
Offrez la qualité à votre animal avant d’offrir un bel emballage. Suivez l’opinion de professionnel de la santé. Miser sur la science plutôt que les opinions non validées.